Le renard
L'initiateur, le guide spirituel...Qui est le renard dans le Petit Prince ?
Crédits : Succession Saint Exupéry-d’Agay
Le renard présent dans Le Petit Prince est différent du renard rusé des fables de Jean de La Fontaine. Celui-ci est sage et n’a pas beaucoup d’estime pour les hommes. Il est à la recherche d’un ami… tout comme le petit prince.
Ce dernier souhaite jouer avec le renard, mais l’animal lui explique qu’ils doivent d’abord s’apprivoiser. L’amitié nécessite en effet que l’on passe du temps ensemble pour apprendre à mieux se connaître.
Lorsque le petit prince pense au départ, le renard lui conseille d’aller revoir les roses pour comprendre que la sienne est unique au monde.
L’animal confie alors au petit prince ce magnifique secret (« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux« ) signifiant que l’affection que l’on porte à quelqu’un va au-delà des apparences, car elle vient du cœur.
Analyse approfondie du personnage
« C’est alors qu’apparut le renard » . C’est par cette simple phrase que commence le chapitre XXI, un des plus beaux passages du livre, relatant la rencontre entre le petit prince et le renard.
Ce dernier, que la littérature présente habituellement sous les traits d’un animal rusé et fourbe, nous est ici présenté par Saint-Exupéry comme un personnage bienveillant qui aide le petit prince à sortir de sa profonde tristesse et l’amène sur la voie de la sagesse.
Le renard apparaît alors que le petit prince, couché dans l’herbe, pleure toutes ses larmes après avoir découvert à travers le jardin de roses que la sienne lui avait menti. Pour la première fois depuis son arrivée sur Terre et sa rencontre avec l’aviateur, le petit prince a en effet l’occasion de sympathiser avec quelqu’un.
Il avoue d’ailleurs, au début du chapitre, être à la recherche d’amis. Le renard, lui aussi, ne demande qu’à être apprivoisé pour donner un but à son existence et changer son regard sur les hommes… mais annonce que cela nécessite du temps. Il ne peut donc pas jouer immédiatement avec le héros du livre et lui explique alors la signification du mot « apprivoiser » et les conséquences que cela implique. Le renard apprend au petit prince qu’apprivoiser signifie créer des liens et devenir unique l’un pour l’autre. Par analogie, le petit prince comprend qu’il a, lui aussi, été apprivoisé par quelqu’un d’autre, en l’occurrence la rose.
« S’il te plait… apprivoise-moi » dit le renard. Cette formule ressemble étrangement au « S’il vous plait… dessine-moi un mouton » lancé par le petit prince à l’aviateur au début du roman. Le renard cherche à se faire apprivoiser par le petit prince, tout en étant conscient que le lien créé ne pourra être durable (le petit prince n’étant que de passage sur Terre) et que la séparation sera douloureuse.
Le renard revêt alors le rôle d’initiateur et apprend au petit prince comment procéder pour gagner le privilège d’un ami. En suivant ses instructions et en l’écoutant attentivement, le petit prince va découvrir le véritable sens de l’amitié et (se) révéler les sentiments qu’il éprouve envers sa rose. La rencontre du petit prince et du renard constitue un tournant du roman car le héros du livre en ressort non seulement réconforté mais surtout grandi.
Le renard est donc indéniablement un personnage clé du livre. Il joue le rôle de guide spirituel en permettant au petit prince de gagner en sagesse :
- C’est tout d’abord le renard qui explique l’importance de créer des liens pour donner du sens à la vie : « Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… »
- C’est le renard qui explique l’importance des rites : « Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, dès trois heures je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… »
- C’est encore le renard qui, bien qu’éprouvant de la tristesse à l’idée de la séparation prochaine, souhaite se lier d’amitié avec le petit prince, montrant ainsi que même les choses éphémères méritent d’être vécues car elles engendrent des souvenirs qui eux sont éternels : « J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. »
- C’est enfin le renard qui invite le petit prince à retourner au jardin des roses pour l’amener à comprendre que sa rose est unique à ses yeux : « Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. »
Savez vous que Sylvia HAMILTON offrit une gourmette en or (de chez TIFFANY) à Antoine de Saint EXUPERY le jour de leur séparation en avril 1943…
et elle avait fait graver au dos « sans adieu, renard ». Antoine donna en échange / en cadeau son appareil photos et le manuscrit du petit prince.
les 2 amants se quittairent ainsi. Antoine ne porta jamais la gourmette en or et, par respect, la donna à sa rose Consuello qui la conserva secrètement. Ce simple clin d’oeil résume une réponse possible et tellement pertinente à la question : qui était réellement le renard ? …..c’est Sylvia Hamilton. élementaire mon cher WATSON
J’aime beaucoup les explications
Merci
c’est une leçon de morale remarquable, être apprivoisé, signifie, la joie de vivre avec des émotions positives, sans se laisser emporter par les émotions négatives : la tristesse , la peur, le mécontentement…
C’est très touchant l’amour ne va pas sans la tristesse et la tristesse pour mieux la vivre a besoin de l’amour
Effectivement, l’amour et la tristesse s’influencent mutuellement ce qui montre une fois de plus que les émotions humaines sont complexes.
Responsable, étymologiquement veut dire « en mesure de répondre à … »
Ce n’est pas celui qui a provoqué un problème, mais qui est capable de le régler !!!
Étrange paradoxe …